CANCER DU REIN : IMMUNOTHÉRAPIE : UNE RÉVOLUTION DANS LES FORMES LOCALISÉES ET AVANCÉES

Par le Professeur Laurence ALBIGES, Université Paris Saclay, Chef du département d'oncologie médicale – Gustave Roussy et le docteur Ronan FLIPPOT, Oncologue Medical, Comité Génito-Urinaire, Département d’oncologie médicale– Gustave Roussy.

Le carcinome rénal à cellules claires représente la forme la plus fréquente des cancers du rein. Longtemps, la prise en charge reposait essentiellement sur la chirurgie pour les formes localisées, sans option thérapeutique prouvée pour réduire le risque de récidive. Dans les formes avancées, l’arrivée des thérapies ciblées anti-angiogéniques a constitué une première étape, désormais largement dépassée grâce au développement de l’immunothérapie. Les progrès récents offrent enfin des perspectives de contrôle durable de la maladie, voire de rémission prolongée pour certains patients.

CANCER DU REIN : IMMUNOTHÉRAPIE : UNE RÉVOLUTION DANS LES FORMES LOCALISÉES ET AVANCÉES

Nouveauté pour les formes localisées : le tournant majeur d’un traitement adjuvant

Pour la première fois en 2024, un traitement adjuvant démontrait un bénéfice clinique après chirurgie d’un cancer du rein localisé à haut risque. Le pembrolizumab, anticorps anti PD 1, administré pendant un an au décours de la chirurgie, réduit significativement le risque de rechute, et améliore la survie globale. Cette avancée fait du pembrolizumab le premier traitement adjuvant validé et remboursé en France dans ce contexte clinique spécifique. Depuis 2 ans, il est disponible pour les patients Françasis, initialement via un accès précoce pour les patients présentant un risque élevé de récidive. Dans cette indication de prévention de la récidive, l’immunothérapie reste globalement bien tolérée mais peut entraîner des toxicités immuno médiées (thyroïdienne, cutanées ou autre). Une surveillance spécialisée est indispensable.

Les formes avancées : des combinaisons de plus en plus efficaces

Depuis 2019, deux grandes stratégies d’association ont révolutionné la prise en charge en première ligne des patients présentant une maladie avancée ou métastatique. Il s’agit soit d’une association d’une Immunothérapie avec un anti angiogénique, ces combinaisons ont permis d’obtenir des taux de réponse élevés et des contrôles prolongés de la maladie, soit d’une double immunothérapie, cette approche reposant sur l’activation synergique de 2 points de contrôle du système immunitaire. Avec cette dernière stratégie, chez certains patients, des rémissions complètes durables au delà de 9 ans ont été observées. A ce jour, il n’existe pas de critère de choix formel entre ces 2 stratégies. Gustave Roussy porte un large programme Européen à travers l’essai clinique pragmatique CARE-1 (NCT06364631 , https://care1project.com/) visant à identifier des biomarqueurs prédictifs applicable en routine pour guider ces décisions et améliorer la survie globale des patients .

Innovations pratiques : vers des traitements plus simples

Le Cancer du Rein a été pionnier dans le développement des immunothérapies par voie sous cutanée. En effet, l’administration sous-cutanée du nivolumab a récemment démontré une efficacité comparable à la voie intraveineuse. Approuvée depuis mai 2025 en Europe, cette nouvelle modalité d’accès représente une avancée majeure pour les patient permettant de réduire le temps de passage à l’hôpital, une voie d’abord facilitée – ne nécessitant pas d’accès veineux central- et contribuant ainsi à une amélioration de la qualité de vie des patients.

Conclusion

L’immunothérapie s’impose désormais comme une pierre angulaire du traitement du cancer du rein, aussi bien dans les formes avancées que dans les formes localisées à haut risque. Réduction du risque de récidive, contrôle prolongé de la maladie, simplification des modes d’administration : les avancées récentes transforment profondément la prise en charge et ouvrent la voie à une médecine plus personnalisée et plus efficace. La recherche se poursuit pour affiner le choix des traitements et offrir à chaque patient la stratégie la plus adaptée.

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REFERENCES

Choueiri TK, Tomczak P, Park SH, et al. KEYNOTE-564 Investigators. Overall Survival with Adjuvant Pembrolizumab in Renal-Cell Carcinoma. N Engl J Med. 2024 Apr 18;390(15):1359-1371. PMID: 38631003. Powles T, Albiges L, Bex A, et al. ; ESMO Clinical Practice Guideline for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol. 2024 Aug;35(8):692-706.PMID: 38788900. Tannir NM, Albigès L, McDermott DF et al. Nivolumab plus ipilimumab versus sunitinib for first-line treatment of advanced renal cell carcinoma: extended 8-year follow-up results of efficacy and safety from the phase III CheckMate 214 trial. Ann Oncol. 2024 Nov;35(11):1026-1038. PMID: 39098455 Albiges L, Bourlon MT, Chacón et al. Subcutaneous versus intravenous nivolumab for renal cell carcinoma. Ann Oncol. 2025 Jan;36(1):99-107. PMID: 39288844.